Pour un cosmopolitisme ré-enchanté

Patrice Maniglier, philosophe du signe, structuraliste, prône un cosmopolitisme éclairé, une séparation de la morale et de l’Etat et la mise en place d’un rapport de force politique pour s’attaquer à la question architectonique du XXIème siècle : le réchauffement climatique.

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Antiracisme ou neutralité à la couleur ?

Comment devenir antiraciste ? Pour l’historien Ibrahim X. Kendi, toute action est soit raciste, soit antiraciste. Est raciste toute mesure dont découle une disparité statistique entre groupes. Une véritable politique antiraciste et pas seulement pour la lutte contre les comportements racistes. Le contraire de raciste n’est pas « pas raciste ».

Savoir de quoi on parle.

La « discrimination raciale », définie par le fait de traiter, de considérer, ou de faire une distinction en faveur ou contre un individu sur la base de sa race, alors la discrimination raciale n’est pas fondamentalement raciste. Elle ne l’est que si elle crée de l’inéquité. Si elle crée de l’équité, elle est antiraciste.

Le terme de « micro-agressions » créé par Chester Pierce en 1970 a été redéfini par Dearld Wing Sue comme « brefs échanges quotidiens qui envoient des messages dénigrants à certains individus à cause de leur appartenance à un groupe ». Ce terme a intégré les notions de stéréotype, biais implicites, tribalisme. Plutôt que micro-agression, il faut parler de maltraitance.

La bienveillante « stratégie post-raciale » n’a aucun sens dans le monde qui est le nôtre. La race est un mirage autour duquel l’humanité s’est organisée. Imaginer la fin de l’existence des races dans un monde raciste, c’est aussi conservateur et néfaste qu’imaginer que les classes n’existent plus dans un monde capitaliste – cela permet aux races et classes dominantes de continuer à dominer.

Sur la « neutralité » à la couleur, rêvée par Luther King (« le rêve aveugle à la couleur »), Obama disait : « la minorité s’est assimilée à la culture dominante, et non l’inverse. Seule la culture blanche pouvait être neutre et objective. Seule la culture blanche pouvait être non raciale ». Être antiraciste, c’est vouloir en finir avec le racisme qui façonne les mirages, ce n’est pas ignorer les mirages qui façonnent la vie des gens.

Un « raciste ethnique » se demande pourquoi les Noirs immigrés réussissent mieux que les Afro-américains. Un antiraciste ethnique se demandera pourquoi les immigrés noirs ne réussissent pas aussi bien que les autres groupes d’immigrés.

Un « antiraciste comportemental » est quelqu’un qui rend le comportement des groupes sociaux fictif et le comportement des individus réel.

Par le lynchage des cultures noires, les « intégrationnistes » font, au bout du compte, plus de mal aux corps noirs que les « ségrégationnistes ». La stratégie antiraciste mélange la déségrégation avec une forme d’intégration et de solidarité raciale. Etre antiraciste, c’est considérer de façon égale et nourrir les différences entre les groupes sociaux.

Le terme de « racisme institutionnel » est né en 1967 sous la plume d’un militant du Black Power, Kwame Ture, et d’un politologue, Charles Hamilton : « le racisme est à la fois déclaré et secret. Il prend deux formes, étroitement liées : les actes d’individus blancs envers des individus noirs, et les actes de toute la communauté blanche contre la communauté noire. Nous appelons ces deux formes « racisme individuel » et « racisme institutionnel » ».

Agir.

Le capitalisme est fondamentalement raciste ; le racisme est fondamentalement capitaliste. Ils sont nés ensemble des mêmes causes non naturelles, et ils mourront un jour de causes non naturelles. Combattre séparément les frères siamois est voué à l’échec.

Il faut se concentrer sur l’acquisition du pouvoir plutôt que sur la persuasion des Blancs. Le savoir n’est pouvoir que si le savoir se consacre à la lutte pour le pouvoir. Un militant produit un changement de pouvoir et de politique, pas un changement mental.

C’est la politique raciste qui mène aux idées racistes, et non l’inverse. Le cœur du racisme est le déni, le cœur de l’antiracisme est sa reconnaissance. Il faut donc travailler sur soi même.

Quelques idées et attitudes racistes.

Une politique climatique consistant à ne rien faire est une politique raciste.

L’enfant noir est traité à tort comme un adulte, tandis que l’adulte noir est traité à tort comme un enfant.

Les gens évitent et stigmatisent les quartiers noirs comme des rues gangrénées par le crime où l’on peut se faire voler son portefeuille. Mais ils aspirent à emménager dans des quartiers blancs huppés qui hébergent des criminels en col blanc et des « bankster » qui peuvent vous voler les économies de toute votre vie.

Echos.

White Fragility, de Robin DiAngelo part du principe que « l’identité blanche est intrinsèquement raciste ». Ceux qui le nient sont racistes.

Polémiques.

L’antiracisme, une nouvelle religion ? C’est ce que pense John McWhorter : « l’antiracisme s’est substitué au christianisme. Le privilège blanc remplace le péché originel en tant que tâche qui ne peut jamais disparaître. »

Ta-Nehisi Coates estime qu’une politique sociale visant à briser les cycles de pauvreté serait plus éthique et efficace que la réparation de l’esclavage.  

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Dewey et l’intelligence collective

John Dewey s’élève contre une conception de l’intelligence qui en ferait un don inné de l’individu. Il croit en l’intelligence collective qui offre une issue aux dérives du gouvernement des experts, cherchant à « adapter » de force les citoyens aux effets du néo-libéralisme. C’est ce que montre Barbara Stiegler dans « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique, en analysant la controverse qui a opposé John Dewey à Walter Lippmann dans les années trente. Lire la suite

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Ma langue maternelle va mourir…

Comment défendre langues régionales et traditions sans faire frémir ?

Yannick Jaulin se fait fort, depuis ses quinze ans, de défendre le patois vendéen. Initié par l’éducation populaire, il a ensuite suivi des voies moins orthodoxes, avec un groupe de rock en parlhange avant d’être classé conteur sans que cette étiquette ne colle vraiment. Aujourd’hui, il est aussi conférencier, et cela lui va très bien. Lire la suite

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Cinéastes et gens de théâtre au secours de la langue du travail

Les conditions de travail ne cessent de se dégrader (burn out, suicides), alors que la connaissance progresse (la recherche clinique, la psychodynamique du travail). Les porte-voix de ces questions Lire la suite

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I Pay For Your Story

I Pay for Your Story n’est pas un documentaire de plus sur la misère des villes post-industrielles. Bien sûr, on y entend des gens, mais Kowalski ne livre pas de démonstrations et n’entrecoupe pas ses interviews d’infographies ou de témoignages d’experts, d’élus. Pas non plus de longues promenades pour montrer les bâtiments en ruine, les commerces fermés, les usines désaffectées. C’est de l’intérieur qu’on mesure le délabrement, comme cette ancienne boite de nuit remplie de gravats, où un petit espace a été dégagé pour installer deux chaises et permettre aux interviewés de revivre leurs années folles, quand ils dansaient jusqu’au petit matin, buvant, fumant…

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Ce qui nous regarde

Pour une amatrice de post-documentaire, Ce qui nous regarde est à la fois une surprise et un régal. Surprise de voir ce genre doublement renouvelé, par son ancrage personnel d’une part, par l’intégration des modes de pensée à l’heure des réseaux sociaux. Lire la suite

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Holy Field, Holy War

A la fin des années 70, Kowalski s’est intéressé à l’underground New-yorkais. Il filme aujourd’hui des paysans mis au rebut, submergés par le lisier. Il se consacre aux sous-sols de Pologne, où l’on cherche un nouvel or noir alors qu’il faudrait, pour limiter le réchauffement climatique, laisser 4/5ème des gisements déjà connus dans le sol.

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Inhumer pour rester humain

Depuis quelques années, le mot reconstruction a les faveurs de ceux qui cherchent à comprendre l’incompréhensible : ce moment où les hommes perdent leur humanité. La reconstruction est un terme plus neutre que le pardon ou la réconciliation, plus technique aussi, qui concerne autant les bâtiments, les routes, que l’intime. Elle s’enracine ainsi dans les consciences qui ne peuvent ou ne souhaitent pardonner. Lire la suite

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L’absolu, au-delà de l’innocence

En écrivant Le Temps de l’innocence en 1914, Edith Warthon dénonce les blocages et l’hypocrisie de la haute-société new-yorkaise dont elle a pâti. L’histoire d’Ellen ressemble beaucoup à la sienne : intellectuelle, franco-américaine, mal mariée et fondamentalement libre. Lire la suite

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